Article GoMet du 20.09.18 – Journaliste : Richard Michel

Marseille innovation ouvre sa nouvelle pépinière en plein centre-ville

Avec la Place de l’innovation, Marseille Innovation ouvre son quatrième site et le premier en centre-ville. Elle s’apprête à accueillir une vingtaine de start-up dans l’ancien siège de la Bonnasse Lyonnaise de Banque totalement rénové.

Co-working, fab lab, accélérateur… les nouveaux lieux d’innovation se multiplient à Marseille depuis le début de l’année. Le centre-ville devient de plus en plus attractif pour les jeunes start-up et Marseille Innovation l’a bien compris. Créée en 1996, la plus ancienne structure marseillaise d’accompagnement des entreprises se prépare à inaugurer un nouvel espace en plein centre-ville de la cité phocéenne, en bas des allées Léon Gambetta, entre la gare et la Canebière. Elle investit l’ancien siège local de la Bonnasse Lyonnaise de Banque devenu depuis la CIC. La banque a choisi Marseille Innovation pour transformer ce bâtiment de 1 500 mètres carrés en haut lieu de l’innovation pour les start-up marseillaises baptisé CIC Place de l’innovation. « Ils ont regardé différents acteurs avant de nous choisir mais cela semblait évident. Nous avons les plus d’expérience dans ce domaine à Marseille», affirme Laurence Olivier, la nouvelle directrice générale de Marseille Innovation. La banque mise gros dans cette aventure.

Plus de cent candidatures pour une vingtaine d’élus

Les premières jeunes pousses vont investir les nouveaux locaux dès le lundi 17 septembre. La place de l’innovation propose entre 30 et 40 postes de travail au total, soit la capacité d’accueil pour une vingtaine de start-up. Pour son nouveau lieu, Marseille Innovation propose trois formules différentes. La première, Mi’pass, s’adresse aux entreprises nomades qui viennent pour tester un produit et profite d’un accompagnement pendant un à six mois. Deuxième formule, Mi’coloc va un peu plus loin avec l’accès aux bureaux partagés, aux services mutualisés et un accompagnement complet pendant deux ans. Enfin, Mi’loc s’adresse aux entreprises les plus avancées avec des bureaux individuels, un accompagnement sur mesure et des services packagés en fonction de leurs besoins. A regarder de plus près, le lieu est conçu en fonction du stade de maturité des résidents. « Plus on monte dans les étages, plus les entreprises sont à un niveau avancé de leur projet », explique Laurence Olivier.

Marseille Innovation a reçu plus de 100 candidatures ces derniers mois et n’en a retenu que 19 pour l’instant. Les futurs occupants travaillent dans des secteurs aussi différents que l’intelligence artificielle, le digital ou encore la santé. Par exemple, l’un des premiers élus est la société Payrfect qui a développé une application pour déceler les erreurs sur sa fiche de paie. Il y a également Azurad qui propose une méthode de planification expérimentale aux entreprises ou encore OSV Finder avec sa plateforme digitale de mise en relation des armateurs et affréteurs œuvrant dans le domaine de l’exploration et de la production pétrolière. Elles travaillent sur des sujets très différents qui peuvent parfois être complémentaires. « L’idée est de croiser ici les compétences et les visions pour innover », avance la directrice. D’ailleurs, les start-up ne seront pas les seules à occuper le bâtiment.

Une école du web et un fonds d’investissement

Au premier étage, l’école Webforce3 va bénéficier d’un espace pour proposer des formations aux métiers du digital. Développeur, community manager, dessinateur autocad… elle propose toute une gamme de cursus adaptés aux besoins des entreprises. Mais la nouvelle place de l’innovation sera l’occasion pour Webforce 3 de développer des programmes davantage destinée aux femmes « qui sont plus nombreuses en centre-ville », remarque Laurence Olivier. Marseille Innovation se réserve également un espace pour ce qu’il appelle le Mi’Lab. Il s’agit d’un programme à destination des grands groupes et des PME qui souhaitent revisiter leur façon de travailler et s’immerger dans une ambiance novatrice. La Poste a par exemple déjà pu profiter du concept. A l’issue de l’expérience, deux de ses salariés ont créé Tripperty bag, une société qui propose aux passagers de vols aériens de se faire envoyer les objets interdits en cabine. Dès lundi, un autre grand acteur de la région, l’aéroport Marseille Provence, viendra passer une journée entière au sein du nouveau lieu de Marseille Innovation.

En plus du conseil et du mentoring, Marseille Innovation propose également ses services d’ingénierie financière. « Nous aidons nos membres à lever les 100 000 euros nécessaires à leur démarrage », explique Laurence Olivier. Les résidents de la place de l’innovation pourront même quotidiennement côtoyer un fonds d’investissement installé au dernier étage, Jump Venture, fondé par Christophe Baralotto et Michel Féraud, les fondateurs de Provepharm. « On veut les mettre en relation avec les financeurs, les aider à présenter leurs projets mais en aucun cas se lier financièrement », prévient la directrice. Pour elle, Marseille Innovation a un rôle de transformateur.

Des ambitions dans la région et à l’étranger

« On peut accueillir des personnes avec un projet innovant mais balbutiant. A nous de le transformer en start-up puis en scale-up », explique Laurence Olivier. Cependant, Marseille Innovation ne se positionne pas en incubateur « qui vont davantage valider la technologie. Nous sommes là pour amener l’entreprise jusqu’à son premier client », précise la directrice. Avec son nouveau lieu en centre-ville, Marseille Innovation se dote d’un quatrième site après les deux de Château Gombert (Hotel technologique et Technoptic) et celui de la Belle-de-Mai plus spécialisé sur le multimédia. « La place de l’innovation va nous permettre d’industrialiser nos méthodes pour les décliner davantage vers de nouveaux clients », explique Laurence Olivier. Il amorce également une volonté de la structure de s’étendre géographiquement. Marseille Innovation commence à regarder en dehors de la cité phocéenne pour grandir. Elle s’intéresse notamment aux autres métropoles de la région. Il ne serait pas surprenant de voir un jour un nouveau lieu ouvrir sur Aix-en-Provence, Avignon ou Toulon. Ses ambitions vont même au-delà des frontières nationales : « Nous sommes de plus en plus sollicités par les pays africains pour créer des pépinières chez eux », annonce la dirigeante. Un projet au Burkina Faso et au Maghreb seraient d’ailleurs déjà sur les rails.

En chiffres :

> 1,6 million d’euros/an, c’est le budget de Marseille Innovation
> 16 salariés dont 4 pour la place de l’innovation
> 1,1 millions d’euros de chiffre d’affaires
> 30 millions d’euros, le montant levé par les start-up de Marseille Innovation ces 7 dernières années
> Entre 30 et 40 nouvelles start-up intègrent Marseille Innovation chaque année